Il y a quelques jours un oisillon immobile piaillait au pied du grand laurier.
Maya, notre craintive chatte, observait son corps inerte sans l’approcher.
L’oisillon avait les yeux vifs et grands ouverts mais ne bougeait pas.
Une fois qu’il fut mis à l’abri des prédateurs dans une suspension florale agrémentée de végétaux et de paille, tous les oiseaux du jardin entamèrent un concert ininterrompu de trilles, trémolos et appogiatures et tous genres. Quelle merveille !
« Hé Huguette ! Ton petiot est tombé du nid. »… « On dirait qu’une humaine l’aie adopté ».. » Il ne faut pas le laisser là.. » « ils sont fous ces humains… » « Oh la la… le gros chat roux n’en fera qu’une bouchée! » « Suspension florale.. je t’en ficherai, moi… »
Et chacun de donner son avis, en do ,en ré ou en la bémol tandis que le petit, terrorisé, ne bronchait pas.
Quelques heures plus tard lorsque j’ai jeté un œil dans la suspension, surveillée de près par Maya, l’oisillon avait disparu. Maya ne présentait pas de signe de plume autour du museau et ne baissait pas les yeux à mon approche. J’ai écouté le ciel rassuré. Le concert était terminé. Quelques oiseaux bavards continuaient néanmoins à commenter l’évènement de la journée en do, en fa et en la bémol…
A chaque chose malheur est bon : avec le concert donné autour de lui par tant d’oiseaux affolés (ou concierges curieux…) cet oisillon avait appris la musique avant d’apprendre à voler.
Et moi, mes oreilles aux aguets avaient pu repérer le chant de la mère et bénéficié – grâce à cet exercice – des meilleurs professeurs de chant du Monde : les oiseaux !